AVENTURES ET MÉSAVENTURE DE L’ÉCRITURE. À PROPOS DE L’INTERPRÉTATION DE LA NAISSANCE DE L’ÉCRITURE EN MÉSOPOTAMIE

  • Luc Bachelot CNRS- UMR 7041- ArScAn-Haroc - Nanterre
Palavras-chave: Écriture, Mésopotamie, Langue, Cunéiforme, Sumérien, Akkadien

Resumo

Résumé: L’apparition de l’écriture, pour la première fois dans le monde, en Mésopotamie à la fin du quatrième millénaire av. J.-C., fut et reste perçue comme une véritable révolution, comme la manifestation d’un saut qualitatif de la civilisation d’autant plus spectaculaire qu’il était imprévisible. Telle est notre perception occidentale, répétée au fil des siècles depuis l’antiquité grecque, mais qui n’est pas universelle. L’Extrême-Orient a une tout autre conception de l’écriture. L’examen attentif des faits, tout comme l’abondante littérature qu’ils ont suscitée, incite à se demander si la véritable aventure de l’écriture ne fut pas en vérité la mésaventure que constitue cette historiographie maintenant millénaire qui n’a cessé de générer une suite quasi ininterrompue d’études, de discours, de mythes et d’histoires visant à décrire son origine. Nous tenterons d’emprunter les issues qui en elle permettent, une sortie de cette mésaventure. Issues que constituent lestravaux de Leroi-Gourhan, Derrida et A.-M. Christin, ainsi que les avancéesrécentes de la neuro-physiologie, celles de G. Rizzolatti notamment. L’écriture comme la parole est une manifestation de l’activité symbolique sans que la première soit nécessairement soumise à la seconde. La relation de l’une à l’autre n’est pas verticale, mais horizontale. L’écriture apparaît donc, quand un champ notionnel est suffisamment élaboré pour être exprimé par un moyen autre que celui de la langue. Resumo: A aparição da escrita, pela primeira vez no mundo, na Mesopotâmia no final do quarto milênio antes de Cristo, foi e continua sendo percebida como uma verdadeira revolução, como a manifestação de um salto qualitativo da civilização tão espetacular quanto imprevisível. Esta é a nossa percepção ocidental, repetida ao longo dos séculos desde a Antiguidade grega, mas que não é universal. O Extremo Oriente tem uma concepção de escrita bem diferente. O exame atento dos fatos, assim como a abundância literária que suscitaram, incita a nos perguntarmos se a verdadeira aventura da escrita não foi na verdade uma desventura, que constitui essa historiografia agora milenar que não cessou de gerar uma sequência quase ininterrupta de estudos, discursos, mitos e histórias visando a descrever a sua origem. Vamos tentar tomar emprestadas questões que permitem uma saída desta desventura. Trata-se de questões que fazem parte dos trabalhos de Leroi-Gourhan, Derrida e A.-M. Christin, assim como dos avanços recentes da neuro-fisiologia, notadamente aqueles realizados por G. Rizzolatti. A escrita, assim como a palavra, é uma manifestação da atividade simbólica sem que a primeira esteja necesariamente submetida à segunda. A relação entre uma e outra não é vertical, mas horizontal. A escrita aparece então quando um campo de noções está suficientemente elaborado para poder ser exprimido por um outro meio que não aquele da língua. Abstract: For the first time in the world, the appearance of writing in Mesopotamia at the end of the fourth millennium BC was and continues to be perceived as a true revolution, as the manifestation of a qualitative leap of civilization, so spectacular and unpredictable. This is our Western perception, repeated over the centuries since the ancient Greeks, although it is not universal. There is a completely different perception of the writing for the Far East. The careful examination of the facts, along with the emerging abundant scholarship, raisesthe question whether the true adventure of writing wasin fact a mishap, which constitutes the now millenarian historiography that has not ceased to generate an almost uninterrupted sequence of studies, discourses, myths and histories in order to describe its origin. We will try to borrow questions that allow us to get out of this misadventure. Questions that form part of the work of Leroi-Gourhan, Derrida and A.-M. Christin, as well as recent advances in neurophysiology, notably those by G. Rizzolatti. Writing, as speech, is a manifestation of symbolic activity, without the former necessarily being subjected to the second. The relationship of one to the other is not vertical but horizontal. The writing then appears when a notional field is sufficiently developed to be expressed by means other than that of language.

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Publicado
2017-12-06
Como Citar
Bachelot, L. (2017). AVENTURES ET MÉSAVENTURE DE L’ÉCRITURE. À PROPOS DE L’INTERPRÉTATION DE LA NAISSANCE DE L’ÉCRITURE EN MÉSOPOTAMIE. Cadernos Do LEPAARQ (UFPEL), 14(28), 127-155. https://doi.org/10.15210/lepaarq.v14i28.11403
Seção
Artigos